lundi 10 mai 2010

Cerruti par Willy Vanderperre




crédit : Willy Vanderperre pour Cerruti



Le photographe Willy Vanderperre signe les deux dernières campagnes Cerruti, deux exercices de style très différents qui répondent pourtant à cette même et éternelle question : Qu'est ce que l'élégance ?

L'hiver nous propose une série de portraits en pendants – l'homme d'un côté, la femme de l'autre – qui illustrent, en s'inspirant de la peinture flamande, les idées de noblesse et de sensualité, l'idéal classique de la sprezzatura. Comme sur ces panneaux d'autrefois peints sur fond neutre et froid, les modèles prennent la pose, cette pose à la fois figée et gracieuse qui les confirme dans leur élégance tout aussi distante qu'intime. Le mouvement qui s'esquisse dans le port de tête, l'angle dessiné par le corps, la délicatesse des mains leur confèrent une attitude toujours réservée bien que sensuelle. Leur expression discrète et méditative traduit une sensibilité qui reste maîtrisée. Cette sobriété raffinée se retrouve également dans le vêtement, dans sa coupe, son élégance et sa richesse non ostentatoire, dans la manière dont il est porté, à même la peau, ou retenu d'un mouvement presque solennel.
Ces figures hivernales, hiératiques mais bien vivantes dans leur émotion retenue, cèdent la place pour la campagne de l'été à deux personnages mis en pleine lumière, saisis au plus près. Le soleil se diffuse au travers du feuillage d'un arbre ou vient frapper directement leur visage qui l'affronte en toute sérénité. Tels des plans cinématographiques, plongée, contre-plongée, gros plans ou plans moyens alternent pour cadrer une frondaison qui offre sa fraîcheur, un mur presque antique qui se perd au loin, un escalier de pierre qui permet le repos. Par cette belle journée d'été, l'élégance d'un mackintosh ou d'une veste ajustée reste toujours de mise, mais les bras et les jambes alors se dénudent, les manches sont retroussées haut, le col est ouvert. Le soleil incite à la rêverie, à l'abandon.
La pénombre nordique se voit chassée par une lumière vive qui dévoile ainsi les corps de manière plus franche mais toujours aussi subtile, les couleurs profondes des vêtements se sont éclaircies pour offrir des tonalités plus douces. Le calme de l'atelier a cédé la place à celui de la nature à son heure la plus chaude, privée de tout élément perturbateur qui pourrait venir troubler la contemplation de ces deux figures, comme échappées d'un film muet ou d'un tableau impressionniste.

Le couple Cerruti nous semble rester toujours aussi mystérieux, élégant, songeur, qu'il soit placé en pleine lumière naturelle ou sous un éclairage étudié. L'art du photographe confère ainsi au vêtement un caractère aussi altier que celui qu'on peut lire sur ces deux visages.





crédit : Willy Vanderperre pour Cerruti



crédit : Willy Vanderperre pour Cerruti



Le photographe : Willy Vanderperre
Le styliste : Olivier Rizzo
Les modèles : Ann catherine Lacroix, Anna de Rijk



(Tous nos remerciements à Cerruti.)